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Le romarin n’a pas fini de dévoiler ses secrets

Bien entendu, tout le monde connaît le romarin, cette jolie plante mellifère des garrigues rocailleuses et arides qui agrémente de nombreuses recettes par ses saveurs aromatiques.

Mais connaît-on véritablement tout le potentiel thérapeutique des principes

actifs qu’il recèle ?

D’après la légende, le romarin ne réside que dans les contrées où la rosée engendrée par la mer se pose au petit jour. Le romarin doit donc son étymologie au latin ros, « rosée », et marinus, « marin ». Dans d’autres régions du pourtour méditerranéen, on l’appelle d’ailleurs « rose de mer », Rosa marina, qui a donné sa première dénomination botanique pendant 182 ans : Rosmarinus (genre) officinalis (espèce)… jusqu’à il y a peu. Car depuis 2017, le romarin est devenu officiellement Salvia rosmarinus, de la famille des Lamiacées (ex-Labiées) ! En effet, grâce à des recherches poussées sur son ADN, son appartenance au genre Salvia, comprenant plus de 1 000 espèces, a été confirmée. Eh oui, notre romarin est en vérité… une sauge !

Sauge-qui-peut
Et cela lui va comme un gant quand on connaît la signification exacte de Salvia : « Qui sauve ! » De l’Antiquité à nos jours, l’histoire nous rappelle les innombrables utilisations et les célèbres remèdes à base de romarin à l’instar de l’« eau de la reine de Hongrie1 » ou du « vinaigre des quatre voleurs2 », etc. Au Moyen Âge, il servait à dissiper « les mauvaises humeurs ».
Et Mme de Sévigné disait du romarin qu’il permettait de combattre la tristesse. Le romarin fait maintenant partie de la liste des plantes médicinales utilisées traditionnellement en allopathie et en homéopathie inscrites à la Pharmacopée française.
Mais qui dit « plante aromatique » dit surtout, de nos jours, « possibilité d’extraction d’une huile essentielle »3 ; la distillation des feuilles et des sommités fleuries de romarin permet même d’obtenir trois profils biochimiques différents appelés chémotypes (ou CT), en fonction des molécules prédominantes :
• le romarin à camphre, originaire de Provence et d’Espagne, à destination « musculo-articulaire » ;
• le romarin à cinéole, originaire du Maroc et de Tunisie, dans lequel c’est le 1-8 cinéole qui est prédominant, à visée plutôt
« anti-infectieuse » ;
• le romarin à verbénone, cultivé en Corse, aussi appelé romarin à acétate de bornyle et verbénone (CT ABV), connu pour protéger le foie et apaiser les spasmes.


Quoi qu’il en soit, l’huile essentielle de romarin a pratiquement la même composition au niveau qualitatif, c’est surtout d’un
point de vue quantitatif que cela change ; en d’autres termes, seule la proportion de camphre, de 1-8 cinéole et de verbénone varie, permettant de distinguer ces trois chémotypes principaux avec des orientations médicales différentes.
Arrêtons-nous un instant sur le 1-8 cinéole, cette molécule aromatique que l’on retrouve donc, plus ou moins concentrée, dans les différentes présentations du romarin. Ce composé organique volatil possède plusieurs propriétés intéressantes. Anti-inflammatoire et anti-infectieux à large spectre, il est capable de fluidifier les mucosités et de relâcher les muscles des voies respiratoires, facilitant la ventilation des poumons… autant de vertus recherchées en cas d’infections des voies aériennes inférieures et supérieures.

La science pas à pas
Depuis une vingtaine d’années, les études ont démontré que l’huile essentielle de romarin à cinéole exerce des activités antibactériennes, antifongiques, antiparasitaires et antivirales. Fait intéressant, elle possède aussi un effet anti-adhésion et anti-formation de biofilm4 par les bactéries. Dans les découvertes récentes, il a été constaté que certaines huiles essentielles de romarin pouvaient développer une activité insecticide et répulsive sur les moustiques vecteurs de pathologies humaines,
par exemple les Culex, Aedes et Anophèles.

Mais là où le romarin peut nous surprendre plus encore, c’est par son potentiel pouvoir anti-cancéreux. Des publications récentes5 montrent en effet que ce dernier permet d’inhiber la prolifération de lignées cellulaires des cancers de l’ovaire, de la peau (mélanome), du sein, du côlon, de la prostate et du pancréas. Et la forme utilisée n’est pas la plus connue, loin de là !
Il s’agit de l’extrait fluide supercritique (SFRE) qui est une technique d’extraction saine du romarin, moins chère que l’isolement de ses composés, sans résidus de produits chimiques et combinant efficacement certains principes actifs de la plante comme le
carnosol et les acides carnosique et rosmarinique.

Trois molécules superpuissantes
L’acide rosmarinique, le carnosol et l’acide carnosique sont des composés bioactifs de la famille des polyphénols, retrouvés principalement dans les plantes de la famille des Lamiacées comme le thym, le romarin et la sauge.
Comme son nom l’indique, l’acide rosmarinique, est singulièrement présent dans le romarin. Il possède des propriétés remarquables, notamment anti-inflammatoires, antioxydantes, antivirales, anticarcinogènes6 et radioprotectrices7 pour les
plus documentées. Son activité antiglycation8 a été démontrée par une équipe française en 2012 faisant de l’acide rosmarinique une molécule de référence dans cette indication.
Pour ce qui est de l’acide carnosique et du carnosol, des études réalisées in vitro et in vivo ont montré qu’ils protégeaient de l’oxydation les graisses biologiques des membranes de nos cellules. Le premier se charge de piéger les espèces réactives
toxiques de l’oxygène (au cours de ce processus, il est d’ailleurs en partie transformé en carnosol) et le second inhibe les réactions en chaîne de la peroxydation lipidique, un phénomène que l’on peut comparer à un véritable feu de brousse destructeur des cellules.
Indéniablement, ces molécules antioxydantes très performantes participent au processus qui permet au romarin de supporter les conditions « stressantes » de son écosystème méditerranéen où les exigences de l’exposition solaire sont amplifiées par le manque d’eau. En les ingérant à partir des différents extraits de romarin, nous profitons à notre tour des propriétés
bienfaitrices de ces trois molécules incroyables. Mais encore faut-il pouvoir les ingérer, ce qui n’est pas le cas avec l’extrait fluide supercritique.

Une question de temps
Vous l’avez compris, l’extrait fluide supercritique représente donc un complément thérapeutique d’avenir dans le traitement des patients souffrant de pathologies lourdes, dont le cancer. Il est fort probable qu’à titre préventif déjà, il puisse s’avérer d’un grand secours.
Mais il va falloir laisser à la science un peu de temps, car, pour l’heure, les propriétés antitumorales du romarin sont prometteuses in vitro. Pour l’appliquer comme agent thérapeutique complémentaire dans le traitement du cancer du sein, plus d’informations sont nécessaires concernant la sensibilité des différents sous types de tumeurs du sein et son effet en combinaison avec la chimiothérapie actuellement utilisée.
Certes, les essais réalisés avec un extrait de romarin fluide supercritique dans différentes cellules cancéreuses semblent efficaces et améliorent même l’effet de la chimiothérapie (tamoxifène, trastuzumab et paclitaxel) et les résultats sont donc franchement
engageants, mais l’extrait fluide supercritique n’est pas encore disponible en complément alimentaire.
Actuellement, on ne l’utilise que pour conserver certains produits alimentaires, sinon en voie externe9 .

Que faire en attendant ?
Ce n’est pas parce que l’extrait fluide supercritique est encore sous-exploité qu’il faut délaisser le romarin. La plante se présente sous différentes formes, toutes très intéressantes en santé naturelle.
Prenons par exemple la gemmothérapie, la science des bourgeons. Le romarin y tient une place particulière, même si, pour le coup, les études scientifiques ne se bousculent pas au portillon. Le macérât glycériné de ses jeunes pousses est recommandé
en cas de traitements médicamenteux comme les chimiothérapies (décidément !) ou encore les traitements hormonaux de synthèse (contraceptifs, etc.). Il facilite la régénération du foie en cas d’hépatite, de calculs dans la vésicule biliaire ou de son
dysfonctionnement. Sous cette forme embryonnaire, il permet même de stimuler deux fois et demie plus la production de bile que l’extrait de romarin mature.
Le macérât glycériné de romarin peut aussi faire des merveilles quand le système nerveux autonome est dérégulé. Bien entendu, on proposera cet extrait en cas de troubles de la mémoire et de fatigue intellectuelle.
Quant à ses propriétés antioxydantes, elles pourront être exploitées en situation de convalescence et de grand âge.
Pour les pratiquants de médecine chinoise, le romarin, en gemmothérapie, exprime un Yin tiède et, sur le plan de la symbolique, cet extrait permet de développer la confiance en soi et la fidélité.
La posologie à respecter est de 2 à 3 gouttes de macérât glycériné de jeunes pousses de romarin, deux à trois fois par jour en cures courtes de vingt jours au maximum. Si le conditionnement de votre macérât de romarin s’affiche en dilution 1DH, multipliez le nombre de goutte par dix.
Dans les précautions d’emploi, on évitera de principe cette présentation chez la femme enceinte, ainsi que le soir au coucher pour ne pas gêner l’endormissement. On veillera également à ne pas l’utiliser sur une trop longue durée à forte dose.

 

Dr Franck Gigon
Micro Nutritionniste, Phytothérapeute

(1) En 1370, le premier parfum de l’histoire de l’Occident aurait été créé avec du romarin, de l’eau de rose et de fleur d’oranger. Cet élixir de beauté réputé contre les maladies aurait, selon la légende, été offert par un ermite à la reine de Hongrie, alors âgée de 72 ans. Grâce au parfum, la reine recouvra, paraît-il, la beauté et la santé de ses 20 ans. (

2) Célèbre macération de plantes qui aurait protégé un groupe de brigands détroussant les cadavres lors d’une épidémie de peste.

(3) Pour rappel, toute huile essentielle est contre-indiquée chez la femme enceinte ou allaitante et chez l’enfant de moins de 7 ans. En cas de pathologie préexistante ou de doute, veuillez consulter un professionnel de santé ou un aromathérapeute averti avant toute utilisation.

(4) Rappelons que le biofilm est un gel biologique développé par les bactéries jouant un rôle important dans les phénomènes de résistance aux traitements antibiotiques courants.
(5) González-Vallinas M., Molina S., Vicente G. et al., Modulation of estrogen and epidermal growth factor receptors by rosemary extract in breast cancer cells, Electrophoresis, juin 2014 : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24615943/

(6) Il retarderait l’apparition d’un cancer et permettrait d’éviter qu’il ne s’aggrave.

(7) Utiles en cas de radiothérapie notamment.

(8) La glycation est une réaction liant à terme irréversiblement un sucre avec une protéine, et dans certains cas à un lipide. Cette liaison fatale est à l’origine des complications vasculaires diabétiques, mais est également reconnue comme un des mécanismes très impliqué dans la genèse et l’aggravation des maladies de civilisation.

(9) www.huiles-et-sens.com/fr/1074-extrait-co.html#/1-conditionnement-5_ml

N.B : Les huiles essentielles et l’extrait liquide de romarin au CO2 supercritique sont contre-indiqués de principe chez les femmes enceintes et
allaitantes, et les enfants de moins de 7 ans. Pour les personnes porteuses de pathologies, un avis médical sera systématiquement demandé
avant toute complémentation alimentaire ou application locale.

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