Entre le temps passé au bureau ou les heures perdues à scroller sur notre téléphone, nous sommes assis plusieurs heures pas jour - en moyenne 7h, selon l'ANSES -. Mais cette sédentarité accrue a de nombreuses répercussions sur notre santé et pourrait même précipiter notre décès. Des chercheurs américains viennent de quantifier le nombre d'heures passées assis chaque jour qui menacerait notre santé.
La sédentarité est désormais érigée au rang des facteurs nuisant le plus à notre santé.
"95% de la population française adulte est exposée à un risque de détérioration de la santé par manque d’activité physique ou un temps trop long passé assis", confirme l’ANSES.
D'après une expertise menée par l'agence nationale en 2020, les Français seraient, en moyenne, sédentaires pendant 7h tous les jours. Toutefois, ce temps grimperait à plus de 8h, pour 38% des adultes.
Pourtant, dans le passé, plusieurs études ont mis en lumière les méfaits sur la santé de cette habitude. "La littérature montre qu’à partir de huit heures, les risques augmentent de 12% pour la mortalité générale, de 22% pour le risque de décès cardio-vasculaire, de 25% pour la dépression", appuyait Pre Irène Margaritis, responsable de l’Unité d’évaluation des risques liés à la nutrition à l’Anses, auprès du Monde.
En janvier dernier, une étude parue dans The Journal of the American Medical Association démontrait également que les salarié.es travaillant assis.es avaient plus de risque de mourir précocement.
Pour autant, difficile de quantifier cette durée nocive à notre santé. Si les scientifiques se sont déjà penchés sur le sujet, les réponses divergent. Certains posent la limite à 7h ou 8h par jour, tandis que d'autres arguent qu'il faudrait se dégourdir les jambes dès 30 minutes passées assis.e, comme le résume Science Alert.
Mais les chercheurs de l’université de Californie San Diego (UCSD), aux États-Unis, pourraient avoir trouvé la réponse.
TROUVER UN LIEN ENTRE SÉDENTARITÉ ET PROBLÈMES DE SANTÉ
Dans une étude publiée dans le Journal of American Heart Association le 27 février 2024, les scientifiques américains expliquent avoir observé un échantillon de près de 5900 personnes, âgées de 63 à 99 ans.
Toutes ont été équipées d’un moniteur d'activité pendant sept jours, aux prémices de l’étude. Ils ont ensuite suivi la santé de ces derniers pendant dix ans, comme le souligne un communiqué paru sur le site Science Alert.
À partir des données du moniteur, les scientifiques ont pu classer les participants, suivant le temps qu’ils passaient assis. Ils ont ensuite utilisé une intelligence artificielle afin de corréler cette durée aux problèmes de santé déclarés pendant l’étude au risque de mortalité.
Au fil de l’étude, 1733 personnes de l’échantillon sont décédées.
PASSER PLUS DE 11H ASSIS PAR JOUR EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ
D’après les conclusions des chercheurs, ces personnes passaient, en moyenne, plus de temps assises que les autres observé.es. Ils ont de ce fait pu quantifier cette durée, nocive pour notre santé.
"Les données ont montré que les participants qui étaient assis plus de 11 heures par jour avaient un risque 57 % plus élevé de mourir pendant la période d'étude que ceux qui étaient assis moins de neuf heures et demie par jour", peut-on lire.
Mais au-delà de cette précision, les scientifiques ont aussi fait un constat inquiétant. Faire régulièrement du sport - même de l’exercice modéré à rigoureux - ne compensait pas le temps passé assis.
"Une étude de 2019 a également révélé que des quantités plus élevées d'exercice ne dissipaient pas le risque de maladies telles que le diabète de type 2, les maladies cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux", ajoute Science Alert.
DES CONCLUSIONS QUI DIVERGENT
Toutefois, il convient de prendre ces nouveaux résultats avec un certain recul.
En effet, une étude précédemment menée en Australie avait révélé que faire entre 9 000 et 10 500 pas chaque jour réduisait le risque de décès prématuré, même chez les personnes qui passaient beaucoup de temps assises.
Ces conclusions différentes pourraient s’expliquer par le fait que les moniteurs d’activité n’étaient pas portés au même endroit - à la hanche pour l’Américaine et au poignet pour l’Australienne -.
Mais cette dernière n’a pas non plus utilisé de logiciel spécial dans le moniteur, pour savoir quand les participants étaient assis ou debout, ce qui signifie que la position debout mais statique aurait été incorrectement prise en position assise.
"Par exemple, si un participant se tenait immobile pendant une demi-heure, cela était pris comme une demi-heure d'assise. Cela pourrait signifier que l'étude australienne a sous-estimé le temps que ses participants passaient à s'asseoir. Les preuves de l'étude de l'UCSD semblent être meilleures, soulignant la nécessité de s'asseoir moins", précise Science Alert.
COMMENT LIMITER LES EFFETS DE LA SÉDENTARITÉ SUR LA SANTÉ ?
Pour contrer les effets de la sédentarité sur la santé, les chercheurs recommandent de bouger régulièrement, même si ce n'est que pour quelques minutes.
"Vous pouvez vous lever et vous déplacer entre les tâches ou pendant un appel au travail. À la maison, vous pouvez vous lever pendant les pauses publicitaires à la télévision ou pendant que la bouilloire est en ébullition".
De même, assis, vous pouvez également changer la donne.
Les chercheurs américains citent notamment une étude, parue en 2020, soulignant que certains exercices de mouvement des bras, faits pendant deux minutes toutes les 20 minutes, pouvaient aider à faire baisser les taux de sucre dans le sang.
Enfin, rappelons que pour lutter contre le fléau de la sédentarité, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande "au moins" 150 minutes d'activité physique modérée par semaine.